Le super-équipement Pinard, transformation d’une maternité en équipement hybride accueillant crèche, école, tiers-lieux, est l’un des projets retenus pour illustrer cette façon de fabriquer la ville à partir de l’existent, répondant aux problématiques contemporaines d’environnement, de patrimoine et de programmation.
L’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul est situé dans le 14ème arrondissement de Paris. Au sein de ce site de 3,4 hectares, le bâtiment Adolphe Pinard (1934) est l’une des premières maternités modernes de Paris. Il a vu naître près de 400.000 parisiens pendant ses 72 années d’activités. Son écriture architecturale mettant en œuvre divers modénatures de brique blonde le rattache au style régionaliste en vogue dans l’entre-deux-guerres. Le recours à des toitures terrasses en béton accessibles, à de grandes cages d’escalier éclairées naturellement et ses façades porteuses libérant ainsi les plateaux intérieurs de points porteurs intermédiaires sur les 8m d’épaisseur, inscrivent ce bâtiment dans la modernité. L’ensemble de ce bâtiment îlot est organisé en U autour d’une cour intérieure. Celle-ci a été modifiée dans les années 1970, avec la construction d’une quatrième aile refermant la composition originelle et la création d’un parking souterrain de deux niveaux sous sa cour.
L’îlot Saint-Vincent-de-Paul est emblématique du potentiel de reconversion d’un site historique. Cet ensemble fait l’objet d’une métamorphose unique à Paris en termes d’aménagement et d’innovation environnementale. La transformation de la maternité en « super-équipement » est l’occasion de reconfigurer ce lieu afin qu’il témoigne de son histoire et qu’il permette d’expérimenter une diversité d’usages.
Regroupant une école, une crèche, un gymnase, des tiers-lieux et des activités, il y a dans cette multiprogrammation un nouveau modèle d’équipement qui encourage la pluralité. Nous cherchons à favoriser le collectif, à déclencher les rencontres, notamment à travers la polyvalence et la flexibilité des espaces à toutes les échelles de temps. Ainsi, en dehors des temps scolaires, la bibliothèque est à la disposition des utilisateurs des tiers-espaces ; la cour, le préau et le réfectoire s’ouvrent au public et c’est quasiment l’ensemble du rez-de-chaussée qui peut accueillir un cinéma de plein air, un spectacle ou une foire aux livres.
La morphologie des existants et notamment l’étroitesse des bâtiments est l’occasion de repenser les espaces d’enseignement. Les classes sont toutes traversantes et ont à disposition une « pièce en plus » qui permet d’encourager de nouveaux projets pédagogiques. Favoriser l’apprentissage interclasse, stimuler les activités artistiques et créatives, inciter l’autonomie des enfants et la prise en charge des plus petits par les plus grands, sont autant d’ambitions qui ne trouvent habituellement pas leur place dans les espaces standards de l’école.
La structure de l’aile ajoutée en 1969 ne permettant pas sa reconversion en programme scolaire, sa démolition rend possible la réouverture de l’ensemble bâti sur son environnement en révélant sa composition initiale. Sur son empreinte, un jardin suspendu se déploie : lieu d’observation et d’expérimentation destiné aux enfants de l’école comme aux riverains et associations, il constitue un outil pédagogique majeur et illustre le lien que nous pensons fondamental entre humain, nature et culture.
Le réemploi fait partie intégrante du projet, dès la dépose, les éléments existants sont diagnostiqués afin de pouvoir être réutilisés. Ainsi, 42,5% de matériaux et matières, en masse, sont issus du recyclage, de la réutilisation ou du réemploi dans la construction neuve, par rapport à la masse totale de la construction.
Les exemples majeurs de mise en œuvre du réemploi dans le projet sont :
- Tuiles de terre cuite en revêtement de sol posées sur chant dans les cours anglaises,
- Briquse de réemploi (in-situ et ex-situ) pour la création de GC en toiture et du revêtement de sol de la cour,
- Profilés en acier de la pergola pour la création des deux serres en toiture,
- Huisseries bois et menuiseries existantes pour la création de sol en parquet bois debout et mobilier bois,
- Charpente bois détourné en faux-plafond lattis bois dans les préaux de l’école,
- Second en œuvre (miroir, tablette céramique, radiateur, lavabo, luminaires) réemployé en second œuvre.
Le projet compte 398 tonnes de matériaux de réemploi et 3.935 tonnes de matériaux de recyclage, permettant d’éviter 357 000 Kg éq.CO² .