Depuis la livraison du groupe scolaire de Boulogne en 2014, l’agence ChartierDalix s’est rapprochée de l’Agence régionale de la Biodiversité d’Ile-de-France (ARB) pour qu’un état des lieux sur la biodiversité soit établi.

En 2016, dans le cadre du programme de recherche GROOVES (Green ROOf Verified Ecosystem Services), Audrey Muratet, écologue et botaniste, a effectué un premier relevé de la faune et de la flore sur les surfaces plantées et les murs. Son rapport fait apparaître que sur les 114 espèces recensées, 44 sont issues des plantations d’origine et 70 sont des espèces arrivées spontanément. Cette première étape permet de poser un jalon dans le suivi du groupe scolaire : d’autres doivent suivre afin de mieux comprendre l’évolution du milieu dans le temps et pouvoir en tirer des enseignements pour l’avenir.

Un suivi écologique de la biodiversité flore-friches-urbaines-01
Audrey Muratet (textes), Myr Muratet (photographies), Marie Pellaton (dessins et mise en page), Flore des friches urbaines, Paris, Editions Xavier Barral, 2017, 458 p.

Aujourd’hui, nous continuons l’inventaire : de nouvelles espèces de chauve-souris sont arrivées, des mésanges, etc. C'est un vivant qui prend sa place petit à petit à cet endroit-là, même s’il faut être vigilant pour protéger cette dynamique.

Le site fait l’objet de relevés floristiques et faunistiques exhaustifs tous les ans. Des observations de l’évolution des habitats, ainsi que les données opportunistes, ont été réalisées par Aurélien Huguet lors de visites de site.

En 2022, un diagnostic complet est établi par Aurélien Huguet Ecologie et Ecolo GIE.

Les milieux mis en œuvre – prairie de fauche, ourlet prairial, lisière de fruticée, boisement de feuillus, cortège des parois et vieux murs – offrent une potentialité de biodiversité incomparable par rapport à celle des aménagements de toitures végétalisées extensives ou semi-intensives habituelles tant en termes de diversité spécifique, de biomasse, de complexité des cortèges biologiques et d’intérêt patrimonial des habitats et des espèces. Mais ils impliquent des restrictions d’usage, des inventions architecturales et des modalités de mises en œuvre originales qui font appel à une culture de la biologie de la conservation, et à des techniques de génie écologique. Des choix sont faits, qui favoriseront certaines espèces au détriment d’autres. Ils doivent être guidés par le suivi effectif de la biodiversité du site.

Depuis la construction, l’école a fait l’objet d’une très forte pression d’observation de 2016 à 2021, avec un total de 856 observations reportées par une dizaine d’observateurs. Ces inventaires poussés réalisés sur des groupes variés ont permis de recenser 207 espèces végétales et 138 animales.

Avec 345 espèces recensées, la biodiversité du bâtiment est comparable à celle d’un parc urbain.

Cependant, le turn-over important témoigne de l’évolution des cortèges en lien avec la genèse de ces milieux créés par l’homme : c’est d’abord la flore implantée volontairement par les opérations de maîtrise d’œuvre qui est visible. Puis de nombreuses espèces végétales spontanées, pionnières adventices, ubiquistes colonisent le site et tentent leur chance les premières années dans les niches écologiques vacantes, augmentant d’autant la diversité observable. Puis vient le temps de la sélection par compétition, réduisant la flore aux espèces capables de se maintenir. Enfin ces milieux stabilisés, c’est le temps qui permet la diversification des cortèges, par les colonisations spontanées ou par des actions d’aménagement et de gestion en faveur de la biodiversité.

Pour la faune, ce sont bien sûr les individus à capacité de déplacement aérien qui ont le plus facilement colonisé ce site perché à 14 mètres de haut.

Chaque saison apporte de nouvelles observations inédites, mais les faibles effectifs ou occurrences d’observation témoignent de la fragilité de ces écosystèmes qu’il convient de continuer à accompagner et renforcer.